Ecrits, dessins

C'est au canal, lorsqu'il avait les yeux ouverts que je souhaite rendre hommage.

 edmond

J'aimais,en regardant ou poser les pieds, musarder à ses cotés, le long des trous d'eau entre un petit monde fait de racines, de roches, de vieux béton au couleur du temps passé, de plantes aquatiques, d'herbes folles, de chicorées sauvages  entourés de fleurs et de sumac , de papillons, de libellules turquoises, de toiles d'araignées savamment tissées pour recueillir nourriture et goutte d'eau de pluie, de couple de crapauds amoureux, de longs rubans de larves de têtard, de serpent d'eau disparaissant dans l'onde et un univers plus vaste, immense surtout dès qu'on laissait derrière soi le monde civilisé, habité, autrefois cultivé, cette partie du canal qu'on appelle l'Irète , et qu'on s'aventure plus loin à travers une ouverture entre deux parois rocheuses que j'appelle depuis que je connais le canal « la porte sauvage »,  un monde se donne alors, à l'état de nature ; seule la présence du canal témoigne de la main de l' homme ; bâti dans les premiers temps du béton, cet ouvrage d' art, au coeur du sauvage, s'étire le long du creux naturel ou court l'eau de l' Espignol , laissant libre les voix des eaux  qui se répondent ; celles, plus  enfantine du canal , celles puissante , en contre bas du cours d'eau . D'abord fermé par des dalles maçonnées , le canal a été , un jour, ouvert  pour faciliter son nettoyage,  puisqu'il fait circuler l'eau d' arrosage des jardins du village.

 Dessin EB

Le langage des eaux est pour moi une réalité poétique.

Les eaux bruissantes apprennent aux oiseaux et aux hommes à chanter.

L'eau, comme un être total, a un corps, une âme, une voix.

L'imagination est , je crois, la faculté de former des images qui dépassent la réalité, qui la chante ; elle ouvre des yeux qui invente de la vie nouvelle.

Lorsque je marche sur le canal, j'ai tous les âges et je suis de partout , j' agrandi le monde et je multiplie le temps .

La jeunesse des eaux claires me donne une leçon de vivacité.

Une flaque contient un univers .

Le monde appelle le poète en nous ; l'homme est propriétaire d' une magie dont il n' a  pas toujours conscience et que le monde lui transmet , s' il l' écoute .

 Dessin EB

L'eau du canal me donne à voir une multitude d'autres mondes ; elle aussi regarde .

Elle est l'oeil de la terre – un regards doux, un peu pensif .

 

 


 


«  Le centre du monde est partout, et chez nous »  dit Eluard

 

Il me semble que la poésie lorsqu'elle touche, donne envie d'aller au-delà de soi, risquer l'inconnu, rencontrer l'expérience des autres, croiser d'autres regards, et nourrir sa propre expérience.


Dessin EB


Je suis danseuse et chorégraphe. La danse contemporaine, une danse parmi tant d'autres dans le monde, est un langage qui a son histoire et sa spécificité : s'exprimer contre l'embrigadement académique avec comme mots clés signifiant et liberté.

A partir d'elle, je cherche des accès vers des sensations multiples, vers l'ouverture de la pensée.

Même si on sait «  planter des choux à la mode de chez nous » il est utile de ce décentrer, se déplacer pour aller voir ce qu'on plante ailleurs et quel chemin ça ouvre. Comme le dirait Susan Buirge, «  faire de la danse une bicyclette et de la chorégraphie un moyen de questionner le monde », alors on pourrait oser d'autres points de vue, saisir de nouveaux espaces, repérer le singulier, le pluriel, le même, l'autre .

Peut-être qu'on deviendrait moins sourd, on vivrait moins en état de séparation, d'isolement et, pas à pas, à force de déplacement et de curiosité, on transformerait notre rapport au monde.


Dessin EB


Saisir une quantité d'espace, c'est le lot du danseur. Il transporte sa kinésphère, un microcosme qui se déplace dans le macrocosme de l'espace environnant ; et puisque nous sommes nous mêmes un monde et que notre centre se balade, la danse est le voyage du corps dans l'espace.

Celui qui danse inscrit son empreinte partout dans l'espace et aussitôt l'efface pour l'inscrire autrement ailleurs. Daniel Dobbels, chorégraphe et critique d'art, dit à ce propos «  la question est simple : quand j'entre dans un espace...., quand je me tiens au seuil d'un nouvel espace, est ce que j'estime que cet espace est déjà habité, soit par des forces réelles, soit par des forces imaginaires ou est ce que cet espace est vide, qu'il m'est offert et que je n'ai donc à me soucier de rien pour y déposer et y inscrire mes propres signes. » le danseur se préoccupe de l'espace plus qu'il ne l'occupe.

La danse est aussi une question de partenaires. On repère sa propre place et celle de ses partenaires visibles et invisibles : on ne danse jamais seul.

Lorsqu'on danse, on change sans cesse de point de vue : on tombe, on s'élève du sol , on est là ou là, les pieds et la tête se rejoignent, on implique différentes parties du corps pour différentes actions. Le corps se réorganise, se décentre pour se recentrer. Le centre étant un point d'appui, un ancrage, il suffit de se mettre en contact avec lui pour créer une relation entre tout ce qui compose le corps et se qui vit à l'extérieur : un retour sur soi et une ouverture vers le monde, alternant expansion et contraction, plein et vide, lent et rapide comme un cœur qui bat.

 

Est ce que cette perception du corps dans le monde peut rendre moins sourd, moins aveugle ?


Dessin EB

Alors, tout à coup et par merveille, des instants de vie surgiraient, des gestes se déposeraient comme  une trace vivante et, sans que jamais on n'en soit propriétaire, le monde serait là , une de ses innombrables facettes, et on en ferait partie.

Nicolas Bouvier, écrivain, écrivain-voyageur, est de ces «  voyage-voyeurs, auxquels il faut le déplacement dans l'espace.... l'autre côté de la montagne pour que des écailles leurs  tombent des yeux » ; pour lui « il existe des instants éblouissants et trop brefs ou nous cessons de percevoir les choses comme isolées, solitaires, autonomes, disjointes, orphelines et ou les harmoniques nous parviennent dans un déferlement éperdu, heureux ».

Cette possibilité d'émerveillement n'est pas seulement affaire de regard, elle est liée à l'écoute qu'on a de soi, des autres, et de ce qui nous environne ; à la manière dont on tisse ensemble ce qu'on perçoit, comment on résonne avec ; à la possibilité de s'oublier, de s'effacer.

Peut-être est ce lié à notre faculté de conserver un regard d'enfant. «  l'enfance, plus qu'un âge, est un état d'esprit ». dit Nicolas  Bouvier «  c'est une attention fébrile aux êtres et aux choses, une impatience d’absorption, qui permet, de bref instants, de saisir le monde dans sa polyphonie »

 

Dessin EB

Petite fille je sentais ça sans le savoir .

En regardant la mer, dans la caresse du vent, je dansais ça. Je cherchais des sensations, je construisais mon monde, j'émettais vers l'extérieur comme un phare, des signaux, et par enchantement et pour un bref instant, j'étais convoquée par le monde, je saisissais l'instant.

Dessin EB

 Un enfant danse : il se lance dans l'espace, dehors et dedans, il est en harmonie.

Ce sont ces monent de plénitude vécue enfant que j'aimerais transmettre.

 Je leur cours derrière.

 


 


Celui qui danse a tous les âges.


La créativité est un flot généreux, un accés à ce qui est fertile. Elle épanouit, entretient la vitalité.
A tout âge il faut la nourir.

La danse est un mouvement qui vient de l'intérieur, elle recentre et rassemble.

Elle est l'occasion d'un voyage dans les étoiles en gardant les pieds sur terre.

Celui qui danse a tous les âges ; il dit avec tout son être, le corps et l'esprit à part égale.

 

Dessin EB

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Dessin EB

Dessin EB

 

 

 

     «  Le centre du monde est partout, et chez nous »  dit Eluard

 

 

     Il me semble que la poésie lorsqu'elle touche, donne envie d'aller au-delà de soi, risquer l'inconnu, rencontrer l'expérience des autres, croiser d'autres regards, et nourrir sa propre expérience.

 

 

Je suis danseuse et chorégraphe. La danse contemporaine, une danse parmi tant d'autres dans le monde, est un langage qui a son histoire et sa spécificité : s'exprimer contre l'embrigadement académique avec comme mots clés signifiant et liberté.

A partir d'elle, je cherche des accès vers des sensations multiples, vers l'ouverture de la pensée.

Même si on sait «  planter des choux à la mode de chez nous » il est utile de ce décentrer, se déplacer pour aller voir ce qu'on plante ailleurs et quel chemin ça ouvre. Comme le dirait Susan Buirge, «  faire de la danse une bicyclette et de la chorégraphie un moyen de questionner le monde », alors on pourrait oser d'autres points de vue, saisir de nouveaux espaces, repérer le singulier, le pluriel, le même, l'autre .

Peut-être qu'on deviendrait moins sourd, on vivrait moins en état de séparation, d'isolement et, pas à pas, à force de déplacement et de curiosité, on transformerait notre rapport au monde.

 

 

Saisir une quantité d'espace, c'est le lot du danseur. Il transporte sa kinésphère, un microcosme qui se déplace dans le macrocosme de l'espace environnant ; et puisque nous sommes nous mêmes un monde et que notre centre se balade, la danse est le voyage du corps dans l'espace.

Celui qui danse inscrit son empreinte partout dans l'espace et aussitôt l'efface pour l'inscrire autrement ailleurs. Daniel Dobbels, chorégraphe et critique d'art, dit à ce propos «  la question est simple : quand j'entre dans un espace...., quand je me tiens au seuil d'un nouvel espace, est ce que j'estime que cet espace est déjà habité, soit par des forces réelles, soit par des forces imaginaires ou est ce que cet espace est vide, qu'il m'est offert et que je n'ai donc à me soucier de rien pour y déposer et y inscrire mes propres signes. » le danseur se préoccupe de l'espace plus qu'il ne l'occupe.

La danse est aussi une question de partenaires. On repère sa propre place et celle de ses partenaires visibles et invisibles : on ne danse jamais seul.

Lorsqu'on danse, on change sans cesse de point de vue : on tombe, on s'élève du sol , on est là ou là, les pieds et la tête se rejoignent, on implique différentes parties du corps pour différentes actions. Le corps se réorganise, se décentre pour se recentrer. Le centre étant un point d'appui, un ancrage, il suffit de se mettre en contact avec lui pour créer une relation entre tout ce qui compose le corps et se qui vit à l'extérieur : un retour sur soi et une ouverture vers le monde, alternant expansion et contraction, plein et vide, lent et rapide comme un cœur qui bat.

 

 

Est ce que cette perception du corps dans le monde peut rendre moins sourd, moins aveugle ?

 

 

Alors, tout à coup et par merveille, des instants de vie surgiraient, des gestes se déposeraient comme  une trace vivante et, sans que jamais on n'en soit propriétaire, le monde serait là , une de ses innombrables facettes, et on en ferait partie.

Nicolas Bouvier, écrivain, écrivain-voyageur, est de ces «  voyage-voyeurs, auxquels il faut le déplacement dans l'espace.... l'autre côté de la montagne pour que des écailles leurs  tombent des yeux » ; pour lui « il existe des instants éblouissants et trop brefs ou nous cessons de percevoir les choses comme isolées, solitaires, autonomes, disjointes, orphelines et ou les harmoniques nous parviennent dans un déferlement éperdu, heureux ».

Cette possibilité d'émerveillement n'est pas seulement affaire de regard, elle est liée à l'écoute qu'on a de soi, des autres, et de ce qui nous environne ; à la manière dont on tisse ensemble ce qu'on perçoit, comment on résonne avec ; à la possibilité de s'oublier, de s'effacer.

Peut-être est ce lié à notre faculté de conserver un regard d'enfant. «  l'enfance, plus qu'un âge, est un état d'esprit ». dit Nicolas  Bouvier «  c'est une attention fébrile aux êtres et aux choses, une impatience d’absorption, qui permet, de bref instants, de saisir le monde dans sa polyphonie ».

 

 

Petite fille je sentais ça sans le savoir .

 En regardant la mer, dans la caresse du vent, je dansais ça. Je cherchais des sensations, je construisais mon monde, j'émettais vers l'extérieur comme un phare, des signaux, et par enchantement et pour un bref instant, j'étais convoquée par le monde, je saisissais l'instant.

 

Un enfant danse : il se lance dans l'espace, ,dehors et dedans, il est en harmonie.

 

Ce sont ces monent de plénitude vécue enfant que j'aimerais transmettre.

 

Je leur cours derrière.